Votre revue des marchés juillet 2018

Cathy Duval |

 

MARCHÉS BOURSIERS (au 29 juin 2018)

 

Canada

  • Malgré des tensions commerciales croissantes, l'indice S&P/TSX a réussi à afficher des gains modestes en juin, atteignant même un niveau record le 22 juin.
  • Cela porte les actions canadiennes en hausse de  2% à mi-chemin en 2018, les secteurs de la technologie, de l'industrie, de l'immobilier et de l'énergie étant en tête du peloton, tandis que les secteurs défensifs comme les services publics et les télécommunications ont été laissés pour compte.

 

États-Unis

  • Le S&P500 a également clôturé le mois de juin de manière marginalement positive, bien que la route fût quelque peu cahoteuse considérant le différend tarifaire entre les États-Unis et la quasi-totalité de ses partenaires commerciaux.
  • Les actions américaines ont généré un maigre rendement de 2,6% depuis le début de l’année, une performance qui paraît certainement mieux lorsqu'elle est convertie en dollars canadiens (7,8%).
  • La divergence sectorielle est assez spectaculaire, avec les titres de technologie (10,9%) et de consommation discrétionnaire (11.5%) à l'extrémité positive du spectre, comparativement aux pertes importantes pour les secteurs de consommation de base (-8,5%) et des télécommunications (-8,4%).

 

Monde (hors É-U)

  • Les actions mondiales ont terminé une première moitié de 2018 sur la défensive, le MSCI EAFE (US$) accusant une baisse de -4.5% cette année.
  • Les perspectives pour les marchés boursiers mondiaux ont brutalement été brouillées par l’imminence d’une guerre commerciale entre les États-Unis et ses partenaires commerciaux.  

 

Devises

  • Le mois de juin fut difficile pour le huard, qui est tombé à son plus bas niveau en un an alors qu'il se trouve pris dans une tempête parfaite d'incertitude commerciale et de données économiques plus faibles que prévu. Néanmoins, la devise a récupéré une partie du terrain perdu au cours des derniers jours de juin, soutenu par les prix du pétrole et la hausse des taux en juillet par la Banque du Canada.
  • Après six mois en 2018, le huard est en baisse de 4,4 % vis-à-vis le billet vert.

 

Matières premières

  • Le prix du pétrole a continué de grimper le mois dernier, le WTI ayant atteint un sommet en quatre ans suite à l'accord OPEP/Russie visant à augmenter légèrement la production et à une réduction importante des inventaires au sud de la frontière.

 

NOUVELLES ÉCONOMIQUES
 

Faits saillants

Les tensions commerciales entre les États-Unis et la quasi-totalité de ses partenaires commerciaux se sont considérablement aggravées au cours des dernières semaines. Prévoir le plan de match du Président sur le commerce n'est pas chose facile. Il y a peu de signes que la Maison-Blanche a l'intention de reculer à court terme.

 

Au cours des six derniers mois, les conditions monétaires se sont indéniablement resserrées, tandis que la croissance mondiale semble passer à la vitesse inférieure. Toutefois, un signal de récession se fait toujours attendre. En d’autres termes, il se fait tard dans le cycle économique - une période où les actifs à risque devraient continuer à surperformer, mais où une approche prudente vis-à-vis de la prise de risque doit être renforcée.

 

À moins que le pétrole ne poursuive sa performance stellaire et que l'inflation n'atteigne un point où la Banque du Canada est forcée d'agir plus agressivement, nous nous attendons à ce que M. Poloz adopte une approche prudente qui limitera le potentiel d'appréciation du huard.

 

Canada

Les relations Canada-États-Unis n’ont pas été faciles ces dernières semaines. Les négociations de l’ALENA, qui semblaient presque être parvenues à une issue positive, ont calé. Cependant, malgré un regain d’incertitude, l’indice S&P/TSX a inscrit un nouveau record le 22 juin.

 

Le président Trump a émis un sévère avertissement à l’encontre des importations automobiles en provenance du Canada (possibilité d’une taxe de 25%). Une étude spéciale publiée par nos économistes, souligne que ce secteur est le plus exposé au protectionnisme américain, l’Ontario étant la province la plus vulnérable (2.6% des emplois totaux et 3.1% du PIB).

 

Une évolution défavorable pour le secteur automobile signifierait que la relation entre les deux voisins a tourné au vinaigre ce qui pourrait mettre en danger les secteurs des valeurs industrielles et de la consommation discrétionnaire de l’indice S&P/TSX, qui ont profité de la récente faiblesse du dollar canadien pour inscrire des records.

 

Il faut aussi tenir compte du fait que l’intensification des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine pourrait soutenir l’appréciation du dollar américain et comprimer la demande (et les prix) des matières premières produites au Canada.

 

Dans un autre registre, la Banque du Canada a maintenu son taux de financement à un jour à 1.25% le 30 mai mais M Poloz a décidé de majorer le taux le 11 juillet dernier à 1.5%. C’est la 2e hausse de taux en 6 mois.

 

États-Unis

La Réserve fédérale a haussé son taux de référence pour la deuxième fois cette année et la septième fois dans ce cycle, citant la vigueur du marché du travail et l'inflation proche de leur objectif symétrique de 2%.

 

Un cinquième trimestre de croissance à plus de 2% de suite est en vue aux États-Unis. Les consommateurs réagissent apparemment aux taux d’intérêt encore bas, à l’accès à du crédit facile, mais aussi à la bonification des revenus disponibles grâce aux réductions de l’impôt sur le revenu des particuliers et à un marché du travail sain.

 

La croissance du PIB réel américain devrait friser les 3% cette année, ce qui est bien supérieur au potentiel. La montée des tensions inflationnistes à court terme n’implique pas que la politique monétaire américaine deviendra exagérément restrictive.

 

Il reste des incertitudes importantes au sujet de la durabilité de la croissance des flux de commerce international avec la montée du protectionnisme alors que les États-Unis et la Chine sont entrés dans une guerre commerciale. De plus, il reste des points d’interrogation au sujet des droits de douane et de leur incidence sur le commerce.

 

Monde

La politique en Europe menace une fois de plus de couper l’élan économique mondial. La rhétorique populiste du nouveau gouvernement de coalition en l'Italie, devrait causer des remous au sein de l’Union Européenne. L’incertitude que cela engendre n’aide pas une zone euro qui souffre déjà d’un début d’année difficile. Le PIB réel de la zone euro a progressé de 1.6% seulement en termes annualisés, moins que jamais depuis le T3 2016, car ses deux principales locomotives (France et Allemagne) ont eu une baisse de régime.

 

Au sein de l’OCDE, ce sont surtout la zone euro et le Japon qui ont marqué le pas. D’autres éléments d’incertitude planent sur la croissance économique futur, entre autres les risques que représentent le protectionnisme commercial, le surendettement et, bien entendu, les bouleversements politiques.

 

La volatilité des prix du pétrole ajoute aussi aux incertitudes au sujet de la croissance mondiale. Un autre élément à considérer porte sur l’annonce du retrait des États-Unis de l’accord sur le nucléaire avec l’Iran prépare le terrain pour la réinstauration de sanctions et donc la possibilité d’une restriction des exportations/de l’offre du cinquième producteur mondial de pétrole.

 

NOTRE VALEUR AJOUTÉE

Dans un contexte où les marchés sont pleinement évalués et dans lequel les incertitudes se multiplient, notre positionnement défensif demeure la pierre angulaire de notre stratégie de portefeuille.

 

Depuis plusieurs trimestres, nous avons graduellement pris des profits sur certaines positions. Notre diversification géographique et sectorielle a également été ajustée pour tenir compte du fait que nous nous attendons à plus de volatilité dans les marchés et aussi que les sources de rendements dans les portefeuilles devraient être différentes dans les 24 à 36 prochains mois. Nos portefeuilles sont très bien positionnés pour saisir des opportunités à venir. Nous savons que les épisodes de baisses de marchés nous permettent en général de faire nos meilleurs achats alors nous nous tenons prêts à ajuster les portefeuilles au fil du temps.

 

Il est extrêmement difficile de réduire le risque quand les marchés montent, mais nous savons pertinemment que personne ne peut prévoir quand une correction de marché va survenir ni même son amplitude. C’est pourquoi nous mettons de l’avant un processus de gestion de portefeuille discipliné visant à faire abstraction des tendances et des à court terme. Une vision d’ensemble et un processus rigoureux nous permettent d’offrir de meilleurs résultats sur le long terme.

 

RETOUR SUR LE DERNIER TRIMESTRE

A la fin du premier trimestre, nous avons réduit notre surpondération dans les services financiers en vendant Intact et un peu de la Banque de Nouvelle-Écosse pour ajouter dans le secteur de l’énergie. La compagnie Vermillon que nous avons achetée est en hausse de plus de 19% en date du 13 juillet alors qu’Intact et la BNS affichent une performance de -1.8% et -4.9% respectivement depuis ce temps.

 

À ce moment, nous avions aussi effectué une transaction qui avait pour but de réduire légèrement notre exposition au dollar US (réduction de l’indice S&P500 en $US pour ajouter au S&P500 en dollars canadiens). Nous pensions à ce moment, et nous le pensons encore, que le dollar canadien est sous-évalué. Toutefois, le fait que l’ALENA ne se soit pas signé en mai comme prévu a jeté de l’eau froide sur le dollar canadien qui a baissé de façon importante depuis. La signature de cet accord demeure incertaine à ce jour, ce qui ne risque de garder le dollar sous pression pour les prochaines semaines ou mois.  Malgré cet ajustement qui n’a pas encore donné l’effet escompté, nous détenons quand même l’indice américain S&P500 en dollars canadiens et en dollars américains. Ces indices sont ceux qui ont le mieux performé depuis le début de l’année affichant une performance de 1.7% en dollars américains et 6.1% en dollars canadiens (au 29 juin).

Il me fera plaisir de vous fournir des renseignements complémentaires et de répondre à vos questions sur les sujets abordés dans cette lettre financière. N'hésitez pas à me contacter pour en discuter.

Source : Stratégie de répartition de l'actif (3 juillet 2018), Mensuel boursier (Juin-Juillet 2018)