Votre revue des marchés octobre 2018

Cathy Duval |

 

 

 

 

VOTRE REVUE DES MARCHÉS OCTOBRE 2018

LES MARCHÉS BOURSIERS ET OBLIGATAIRE (AU 12 OCTOBRE 2018)

 

 

 

 

 

 

 

LA BOURSE CANADIENNE

  • Cette année, le TSX60 (les 60 plus grande capitalisations boursières) à fait un rendement de -2,7% en date du 12 octobre 2018.
  • La performance médiocre de l’indice S&P/TSX n’était pas due à la faiblesse de l’économie. L’économie canadienne a plutôt continué de réserver de bonnes surprises et le bénéfice par action (BPA) de l’indice S&P/TSX a dépassé les attentes. Alors qu’est-ce qui plombe l’indice de référence canadien? C’est la contraction des ratios cours/bénéfices (C/B). Le Canada a enregistré une forte contraction des ratios C/B depuis le début de 2018. L’adoption d’une nouvelle entente commerciale ainsi que les allégements fiscaux possibles pour les entreprises dans la prochaine mise à jour économique du gouvernement fédéral pourraient apporter un soutien aux ratios C/B de secteurs clés dont les titres se négocient à escompte par rapport à la moyenne historique.

 

LA BOURSE AMÉRICAINE

  • Les actions américaines ont atteint de nouveaux sommets en septembre, au moment même où nous marquions le 10e anniversaire de la Grande Crise financière, renforçant le doute quant à la durabilité de ce que l'on appelle maintenant "le plus long marché haussier de l'histoire".
  • Cette année, le S&P500 (500 plus grande capitalisations boursières) à fait un rendement de 3,5 % (en $ US) en date du 12 octobre 2018.

 

LES ACTIONS MONDIALES

  • Durant le mois d’octobre, les actions asiatiques ont chuté à un creux inégalé depuis 17 mois et celles d’Europe, au niveau d’il y a six mois, après la révision à la baisse par le Fonds monétaire international (FMI) de ses prévisions de croissance mondiale pour 2018 et 2019.
  • Depuis le début de l’année, l’indice MSCI EAEO (Europe, Asie, Extrême-Orient) qui exclut les bourses Nord-Américaine a fait un rendement de -7.2% en dollars américains.

 

L’UNIVERS DES OBLIGATIONS CANADIENNES

  • Le rendement de l’univers des obligations au Canada (FTSE univers) affiche un rendement de -0,8 % cette année en date du 12 octobre 2018. Les taux d’intérêt au Canada et aux États-Unis ont affiché une tendance à la hausse depuis plus d’un an ce qui a continué de faire baisser la valeur des obligations à taux fixe comme celles détenues dans nos portefeuilles.
  • Nous continuons de prévoir une hausse des taux par la Banque du Canada le 24 octobre et trois autres en 2019.

 

POINTS SAILLANTS ÉCONOMIQUE

CANADA

USMCA! Non, ce n’est pas le titre d’un nouveau tube des Village People. C’est le nom anglais du nouvel accord trilatéral entre les États-Unis, le Mexique et le Canada; l’AEUMC, en français. Au moment de rédiger ces notes, les détails manquaient encore, mais on apprenait que le Canada a pu préserver un accès sans tarifs douaniers au marché américain ainsi que le comité impartial de résolution des différends (analogue au chapitre 19 de l’ALENA).

 

En échange, le Canada a dû céder sur plusieurs fronts, notamment en acceptant un plafond des exportations de véhicules et composante automobiles aux États-Unis et une variante de la clause crépusculaire qui permettra désormais les pays partenaires à réviser les termes de l'entente après six ans. Le secteur laitier, jadis une vache sacrée, est devenu l’agneau du sacrifice, Ottawa ayant accepté de donner aux agriculteurs américains un plus grand accès au marché canadien. Comme le Canada avait le petit bout du bâton, cette issue ne devrait pas surprendre. Comme 75% de ses exportations vont aux États-Unis et que moins de 20% des exportations américaines viennent au Canada, on savait clairement dès le départ qui avait le plus à perdre avec l’instauration de barrières tarifaires. Mais il vaut mieux avoir un accord que de ne pas en avoir du tout, surtout si cela permet aux exportateurs canadiens d’expédier leurs marchandises au plus grand marché du monde sans tarifs douaniers.

 

La possibilité pour les pays partenaires à réviser les termes de l'entente est probablement la pire des concessions que le Canada a dû faire. Les États-Unis pourraient dans six ans décider de ne pas renouveler la nouvelle entente qui expirera alors dix années plus tard. Les entreprises pourraient hésiter à investir ou à augmenter leurs activités en sachant que l’accès au marché américain pourrait être coupé à l’avenir. Mais il est toujours possible que le Canada obtienne de meilleures conditions d’une Maison-Blanche plus amicale après les élections présidentielles américaines de 2024.

 

ÉTATS-UNIS

L’économie américaine est en passe d’enregistrer un sixième trimestre de plus de 2% de croissance du produit intérieur (PIB) réel. Les dépenses de consommation sont restées fortes au 3e trimestre, soutenues par un marché du travail sain et les réductions d’impôt sur le revenu des particuliers. L’investissement a aussi soutenu la croissance au cours du trimestre, grâce en partie à la grande confiance des entreprises. Globalement, les données ne changent pas notre conviction d’une croissance du PIB réel en 2018 proche de 3%. Encouragée par le dynamisme de l’économie et la montée des tensions inflationnistes, la Réserve fédérale continuera de normaliser sa politique en 2019, mais plus lentement que cette année

 

Après un deuxième trimestre torride, l’économie américaine est restée forte au 3e trimestre grâce aux réductions d’impôts. Les dépenses de consommation, qui représentent environ 68% du PIB américain, semblent de nouveau avoir augmenté à un rythme solide. Cela ne devrait pas être surprenant vu la confiance des consommateurs, que le Conference Board situe au plus haut depuis 2000. Les ménages sont optimistes pour le présent et l’avenir, encouragés en partie par leur situation financière robuste.

 

Le marché du travail solide renforce aussi l’optimisme. Les États-Unis créent en effet des emplois au rythme le plus rapide depuis 2015 selon l’enquête auprès des établissements qui a révélé une augmentation des effectifs salariés non agricoles du chiffre étonnant de 1.6 million au cours des huit premiers mois de l’année.

 

LE MONDE (EXCLUANT LES ÉTATS-UNIS)

Après un premier semestre prometteur, l’économie mondiale semble maintenant perdre son élan. La baisse des prix des matières premières et les indices composés des directeurs des achats laissent entrevoir un ralentissement de la croissance du PIB mondial. Ce n’est guère étonnant avec l’érection de barrières tarifaires et la diminution des volumes du commerce mondial qui a suivi. Les marchés émergents axés sur les exportations restent sous pression, mais les défaillances de sociétés pourraient ébranler les marchés financiers mondiaux, y compris les marchés développés.

 

La Banque Populaire de Chine a réduit d’un pourcent le montant de réserves que doivent conserver les banques chinoises auprès de la banque centrale, un changement qui équivaut à une injection de US$110 milliards dans l’économie. Cette décision a été prise alors qu’on craint un ralentissement de l’activité économique. Selon les statistiques officielles, la croissance du PIB réel a diminué d’un dixième à 6.7% au 2e trimestre comparativement à l’année précédente. Bien que ce rythme reste nettement au-dessus de la cible de croissance annuelle officielle de 6.5%, les sujets de préoccupation ne manquent pas. Les investissements en immobilisations, par exemple, ont augmenté au rythme le plus lent à ce jour au cours du trimestre (les données ont commencé à être compilées en 1999). Le tableau était encore plus sombre pour les investissements publics (qui incluent les investissements des entreprises d’État), en hausse de 3.0% seulement année/année, comparativement à +12.0% il y a un an.

 

Ce qui est particulièrement préoccupant, c’est le fait que ce ralentissement de la croissance arrive alors que les tensions commerciales avec les États-Unis s’intensifient. Le mois dernier, l’administration Trump a imposé des tarifs douaniers sur US$200 milliards d’importations de la Chine de plus, portant le total des biens taxés à US$250 milliards. L’indice Chinois (CSI 300) a, comme on pouvait s’y attendre, chuté, portant ses pertes depuis janvier à près de 30%. Le yuan n’a pas connu un sort bien meilleur cette année, cédant environ 10% de sa valeur par rapport au dollar américain.

 

LES DEVISES

Après des mois de négociations, le Canada a enfin donné son feu vert à un accord commercial modernisé avec les États-Unis et le Mexique. L'Accord États-Unis-Mexique-Canada (AEUMA) remplacera l'ALENA. Notre prévision de croissance du produit intérieur brut (PIB) pour 2019, qui présumait qu'un accord serait conclu, est inchangée à 1.9%. Nous nous attendons maintenant à ce que le taux USDCAD atteigne 1.25 au premier trimestre de 2019 (1.30 au 12 oct).

 

Soutenu par la ruée vers les valeurs refuges due aux difficultés des marchés émergents et au resserrement (*) de la politique monétaire par la Réserve fédérale, le dollar américain a bien tiré son épingle du jeu cette année. On ne sait pas encore clairement s’il pourra maintenir son élan à plus long terme, d’autant que l’attention des investisseurs finira par se tourner vers le déficit budgétaire démesuré des États-Unis et que les effets des mesures de stimulation budgétaire s’estomperont. À moins d’un nouveau train de mesures de stimulations du Congrès, le billet vert pourrait perdre de sa vigueur. Bien entendu, pour que la faiblesse du dollar américain dure, il faudra que les tensions commerciales entre les États-Unis et leurs grands partenaires commerciaux comme la Chine et l’Union européenne retombent.

 

La politique de détente (**) de la Banque centrale européenne ainsi que les convulsions internes de l’Union européenne (p. ex. Brexit, politique italienne) empêchent l’euro de décoller, mais la monnaie commune pourrait rebondir au cours de la prochaine année, surtout si les investisseurs commencent à s’attendre à ce que le resserrement (*) de la politique monétaire de la Fed tire à sa fin.

 

* : augmentation du taux directeur

** : baisse du taux directeur

 

LES COMMODITÉS

Le cours du pétrole Brent a monté de 5% environ en septembre et de 45% sur 12 mois. L’augmentation du prix du pétrole jurait nettement avec le mouvement des prix des autres matières premières.

 

L’indice CRB des métaux, par exemple, est en baisse de 7% depuis le début de l’année (au 30 sept.). C’est l’excédent de demande qui a permis au pétrole d’échapper à cette tendance. La chute de la production du Venezuela et les sanctions américaines contre l’Iran n’aident pas à corriger le déséquilibre de l’offre et de la demande. Certes, les sanctions contre l’Iran n’entreront pas en vigueur avant novembre. Mais certains des partenaires commerciaux de la République islamique ont choisi de réduire immédiatement leurs importations de pétrole, ce qui l’a forcée à diminuer sa production.

 

RETOUR SUR LE DERNIER TRIMESTRE ET NOTRE POSITIONNEMENT ACTUEL

À la fin juin, nous avons ajusté à la baisse la durée des obligations en portefeuilles de façon à être positionnés de façon plus défensive dans un contexte de hausse de taux. D’ailleurs, notre durée a été raccourcie à quelques reprises depuis 2017.  Ces ajustements successifs ont permis à nos portefeuilles de mieux résister à l’effet néfaste de la hausse des taux.

Au courant du mois d’août, nous avons à nouveau transigé dans la partie du revenu fixe des portefeuilles. Cette fois, l’objectif était d’ajouter un placement qui offre des caractéristiques différentes des obligations traditionnelles que nous avons. Notre choix s’est arrêté sur un fond négocié en bourse (FNB) d’actions privilégiées géré de façon active qui offre un rendement en dividende de 3.95%.  

 

Comme les obligations, les actions privilégiées s’accompagnent de revenus récurrents, mais le principal attrait de ce type de placement se situe au niveau du rendement élevé après impôts (lorsque détenu dans un compte taxable). Cela vient du fait que les distributions se font sous forme de dividende sur lequel il y a un crédit d'impôt.  Ainsi, ce placement se compare avantageusement avec des obligations au point de vue fiscal.

 

Les actions privilégiées ont des caractéristiques qui les assimilent aussi bien aux titres de créance comme les obligations qu'aux titres de participation. L’avantage de combiner ce type de placement aux obligations traditionnelles vient du fait que son comportement est différent.  Par exemple, certains types d’actions privilégiées vont monter lorsque les taux montent alors que les obligations quant à elles, baissent.

 

Notre positionnement plus défensif a été testé lors des épisodes de volatilités de septembre et du début d’octobre. Nos portefeuilles ont mieux résisté que des portefeuilles indiciels du même profil. En effet, nos portefeuilles contiennent des placements de qualité et leurs niveaux de diversification est importants ce qui un impact direct sur la volatilité et le risque. Nous pensons que la prudence est de mise à ce stade-ci du cycle économique. Nous venons de passer le 10e anniversaire de la Grande Crise financière, et nous avons un doute quant à la durabilité de ce que l'on appelle maintenant "le plus long marché haussier de l'histoire".

J’espère que vous avez apprécié notre infolettre.

N’hésitez pas à nous contacter à sounda.ladouceur@bnc.ca ou cathy.duval@bnc.ca

514 871-3474

 

Mise en garde : J’ai rédigé le présent commentaire afin de vous donner mon avis sur différentes solutions et considérations en matière d’investissement susceptibles d’être pertinentes pour votre portefeuille de placements. Ce commentaire reflète uniquement mon opinion et peut ne pas refléter celles de Banque Nationale Groupe financier. En exprimant ces opinions, je m’efforce d’appliquer au mieux mon jugement et mon expérience professionnelle du point de vue d’une personne appelée à suivre un vaste éventail de placements. Par conséquent, le présent rapport représente mon opinion éclairée et non une analyse de recherche produite par le Service de recherche de la Financière Banque Nationale. La Financière Banque Nationale est une filiale en propriété exclusive indirecte de la Banque Nationale du Canada. La Banque Nationale du Canada est une société ouverte inscrite à la cote de la Bourse de Toronto (NA:TSX). Financière Banque Nationale est membre du Fonds canadien de protection des épargnants (FCPE).

Sources :

Le Mensuel économique octobre 2018

L’hebdo économique 12 octobre 2018

Devises octobre 2018