Investisseurs, prenez garde : le bruit médiatique peut être assourdissant

Cathy Duval |

Investisseurs, prenez garde : le bruit médiatique peut être assourdissant

La plupart des gens diront que le fait de vivre dans un monde numérique, avec un accès instantané à un flot incessant d'information, nous a rendus plus intelligents et indépendants que les générations précédentes. Les investisseurs croient que cela a uniformisé les règles du jeu, leur permettant de prendre des décisions en matière de placement fondées sur les mêmes renseignements qui n'étaient une fois accessibles qu'aux pros. Notre quête sans fin d'information a atteint un tel sommet que les médias, y compris les chaînes du câble, la presse écrite et maintenant la blogosphère, transmettent du contenu en continu, à toute heure du jour et de la nuit, et que ça ne suffit toujours pas à rassasier notre appétit vorace pour davantage de renseignements. C'est donc un bon signe, non? Eh bien, non!

Il est beaucoup plus défendable d'affirmer que, pour le grand public et particulièrement pour les investisseurs, la surcharge d'information rend non seulement la prise de décisions rationnelles plus difficile, mais elle engendre aussi souvent un comportement qui peut être nuisible, voire dévastateur pour la santé financière. Il est évident que la quantité d'information disponible a augmenté de façon marquée, mais la qualité de cette information sera toujours mise en question. Lorsqu'il y a de la quantité mais pas de qualité, on n'est en fait qu'en présence de « bruit ». Pour les personnes qui ont vraiment besoin de conseils financiers fiables et d'information pertinente, ce bruit peut être assourdissant.

La majorité de la population étant branchée sur Internet et des appareils mobiles, l'information est devenue si omniprésente qu'elle est maintenant perçue comme un droit par ceux qui considèrent sa disponibilité comme acquise. Les médias profitent pleinement de cette attitude, ajoutant autant de couches d'information qu'ils croient que le public est capable de consommer. Afin d'attirer l'attention d'un public préoccupé et de toucher les recettes publicitaires générées par leur auditoire, les médias doivent offrir de l'information divertissante, concise et captivante. Pour ce faire, les médias, ne connaissant ni la peur ni la honte, n'hésitent pas à faire un battage démesuré autour d'une nouvelle afin de faire paraître l'information qu'ils offrent comme essentielle.

En ce qui concerne les placements, les nouvelles ne peuvent pas être captivantes, ni même divertissantes, à moins qu'elles aient des répercussions à court terme. Par exemple, même si, dans les faits, le premier appel public à l'épargne de Facebook touchait peu la plupart des investisseurs, cette nouvelle était bien plus captivante qu'un essai sur le rendement supérieur à long terme des placements indiciels, lequel pourrait pourtant être utile à la grande majorité des investisseurs. Le problème, c'est qu'en tant qu'investisseurs, l'information que nous recevons est filtrée en fonction de la réaction qu'elle risque de susciter. Imaginez un analyste ou un gourou de la Bourse qui passerait 20 minutes sur la chaîne CNBC à parler des perspectives de croissance sur 5 ans du marché boursier et de l'importance d'avoir un portefeuille diversifié si l'on souhaite obtenir un rendement supérieur à celui du marché : les trois quarts de l'auditoire changeraient de chaîne et opteraient pour une chaîne spécialisée en alimentation offrant de l'information avec des implications beaucoup plus pratiques.

Malheureusement, l'accès à davantage d'information et de technologie n'a pas amélioré le rendement des investisseurs au cours des dernières décennies. Nous n'avançons pas que vous devriez éteindre les nouvelles du câble ou vous abstenir de surfer sur des sites traitant de placement, mais vous ne devez pas oublier que ces sources d'information ne partagent pas nécessairement vos motivations. Il est essentiel de recueillir des renseignements et de s'éduquer, mais il faut le faire en gardant en tête ses objectifs clairement définis et un plan financier bien conçu.