Les élections et le marché boursier : beaucoup de bruit pour rien

Cathy Duval |

Les élections et le marché boursier : beaucoup de bruit pour rien

Historiquement, le rendement du marché boursier au cours des deux mois précédant le jour de l'élection a permis, dans une certaine mesure, de présager qui remporterait la course à la tête des États-Unis. De plus, en se fondant sur le vainqueur de l'élection américaine, on peut pressentir l'orientation future du marché. Bien qu'il puisse être intéressant et amusant de se prêter à ce jeu autour de la machine à café, les investisseurs avisés jugeront plus sage de laisser leur boule de cristal de côté et de rester concentrés sur leur stratégie de placement à long terme. S'il peut être tentant pour n'importe qui de se laisser ne serait-ce que le moindrement guider par les élucubrations précédant l'élection présidentielle américaine, il est important de se rappeler que, fondamentalement, le marché boursier n'est pas partisan et qu'en réalité, l'influence du choix d'un président américain sur la direction à long terme du marché est minime.

Se fonder sur le marché boursier pour prédire le résultat de l'élection

Il faut reconnaître que le marché boursier a été un assez bon indicateur du résultat des élections présidentielles américaines par le passé. Depuis 1900, le rendement du marché boursier entre le 31 juillet et le jour de l'élection américaine a permis de prédire correctement le vainqueur dans 88 % des cas. Dans 82 % des cas où le marché était à la hausse entre le mois d'août et le jour de l'élection, le candidat sortant a gagné; dans 86 % des cas où le marché était à la baisse, l'opposant a gagné. En effet, le marché boursier a permis de prévoir qui serait le prochain président des États-Unis lors de 25 élections sur 28. À première vue, cette probabilité de succès semble remarquable. Plus d'un se laisserait convaincre de miser sur un candidat en fonction de ce raisonnement.

Il y a une certaine logique derrière cette tendance. Un marché boursier à la hausse reflète une confiance généralisée chez les investisseurs que l'économie se portera bien dans les mois à venir. Ce sentiment donne de l'assurance aux électeurs américains, ce qui augmente les chances que le président en exercice soit réélu.

Se fonder le résultat de l'élection pour prédire la direction du marché

Chaque année de présidentielle, la question revient : une victoire des démocrates, ou des républicains, sera-t-elle meilleure pour l'économie? La réponse instinctive devrait être : « Je ne sais pas et ce n'est pas important ». Bien sûr, on peut essayer d'expliquer avec plus de tact que les forces qui meuvent le marché sont beaucoup plus puissantes que l'influence d'une seule personne ne pourrait l'être, et ce, même si cette personne est le président des États-Unis. Avec le ralentissement de l'économie mondiale et l'augmentation possible des taux d'intérêt, le marché est déjà soumis à assez d'influences. Cela dit, l'incertitude à l'égard du dirigeant des États-Unis pour les huit prochaines années a un effet sur l'orientation du marché. Tout compte fait, le rendement de l’indice S&P 500 n'a été négatif que lors de 3 des 21 dernières années d'élection américaine.

Le marché boursier penche-t-il pour les républicains ou les démocrates?

Selon ce qu'on pourrait croire, la logique voudrait que le rendement du marché boursier soit meilleur lorsqu'un républicain réside à la Maison-Blanche. Après tout, le marché préfère la libre entreprise, des impôts peu élevés et une réglementation plus légère, non?

Parlez-en à George W. Bush! Le marché boursier a chuté de 25 % au cours de ses deux mandats comme président; le début et la fin de ses huit années au pouvoir ont été marqués par deux récessions et deux effondrements du marché boursier.

À l'inverse, le président américain ayant exercé deux mandats au cours desquels le marché boursier a connu son meilleur rendement est nul autre que Bill Clinton, qui avait en fait augmenté les impôts. Il faut cependant ajouter que le rendement du marché boursier a également été excellent durant les années où Ronald Reagan était président, à l'exception de la première et de la septième, qui ont été moins satisfaisantes. Qu'en est-il du président actuel, Barack Obama, qui a considérablement augmenté les impôts et renforcé la réglementation? Parmi les cinq derniers présidents, c'est au cours de son premier mandat qu'a eu lieu le plus grand rendement sur 4 ans, soit 46,5 %. Cela dit, ce premier mandat avait commencé juste au moment où le marché boursier atteignait un niveau extrêmement bas à la suite de l'effondrement de 2008.

Finalement, les meilleurs rendements du marché boursier des 30 dernières années se sont en fait produits alors que les présidents étaient démocrates. Toutefois, ces derniers n'ont rien fait qui pourrait expliquer cette constatation.

Analyse finale

Le marché est aléatoire, mais il fonctionne, peu importe qui est au pouvoir aux États-Unis. Les investisseurs à long terme qui se fondent sur des principes et qui font preuve de discipline voient plus loin que les quatre années suivant une élection : leur stratégie de placement couvre toute leur vie.