Est-ce que les investisseurs sont leur pire ennemi?

Cathy Duval |

Est-ce que les investisseurs sont leur pire ennemi?

Quand vient le temps d’investir, les investisseurs peuvent être, sans le savoir, leur propre pire ennemi. Presque toutes les erreurs faites par les investisseurs peuvent être attribuées à leur comportement émotionnel, qui parfois, peut faire défaut et influencer les comportements d’investissement. Même pour les gens les plus rationnels,  la peur et l’avidité sont généralement les plus grands facteurs d’influence et la raison même pourquoi plusieurs investisseurs sous-performent les marchés.

Selon une étude de 2015 de DALBAR, les retours que les investisseurs obtiennent sont souvent inférieurs aux retours du fond mutuel qu’ils achètent. En 2014, lorsqu'on compare la différence entre les retours des investisseurs et ceux des fonds mutuels, comparé au S&P 500, on denote une sous-performance flagrante des investisseurs, et ce, en moyenne de 8.19% sur le S&P 500. Sur une période de 20 ans se terminant en 2014, l’indice du S&P 500 a eu un retour de 9,85%, et pendant cette même période, le retour des investisseurs moyens était de 4,66%.

 

Pourquoi une telle différence?

DALBAR a conclu que les investisseurs adoptent le pire comportement lorsque les marchés sont en difficulté, en vendant aussitôt qu’ils aperçoivent une tendance baissière et en attendant patiemment que les marchés retrouvent un momentum à la hausse pour investir. Donc, les investisseurs ont tendance à participer dans le marché seulement lorsqu’il commence à être en retrait et manque à investir lorsque celui-ci est en croissance.

 

Voici quelques erreurs comportementales que les investisseurs font :

 

Essayer de synchroniser leurs investissements avec le marché

Même si c’est difficilement réalisable, peu sont ceux qui ont été capable de rentrer et sortir du marché au moment opportun, et ce, d’une manière assez constante pour en dégager des gains. Morningstar estime que le retour sur l’équité des portfolios qui ont essayé de synchroniser leur investissement avec les cycles du marché sous-performe les retours moyens des investisseurs conventionnels par 1.5% sur la même période. Les résultats de l’analyse révèle que, pour dégager un gain raisonnable, les investisseurs qui investissent selon le cycle économique, devraient avoir raison au moins 7 fois sur 10, chose que même les meilleurs ont de la difficulté à faire.

 

Essayer de réaliser des coups de circuit

De 2006 à 2010, seulement 48% des gestionnaires de gros portefeuilles ont été capable de battre le rendement du S&P 500. La grande majorité de ceux-ci ont à peine battu l’indice et cette statistique empire lorsqu’on se concentre sur les investisseurs internationaux. En effet, seulement 18% de ces investisseurs ont battu l’indice international. Pour éclaircir ces propos, cela veut dire que sur cette période de temps, si l’on aurait seulement et simplement investi dans l’indice du S&P 500, chose qui ne requiert aucune gestion active de portfolio et aucun frais de gestion (2%), on aurait obtenu un retour supérieur à plus de la moitié des gestionnaires de portefeuille.

 

Réagir sur les événements court-terme

L’instinct humain a tendance à réagir aux événements l’affectant négativement ou positivement. Ce mécanisme de survie a malheureusement tendance à nous être nuisible dans la sphère des investissements financiers. Les études ont montrées que le plus souvent qu’il y a des changements à l’intérieur d’un portfolio, et même, le plus souvent que l’on regarde notre portfolio, conséquemment,  le plus bas que le rendement sera. Quand les investisseurs bougent leur focus d’une perspective long terme à une perspective court terme, les résultats sont presque toujours négatifs. Cette situation peut être bien schématisée, comme dans la situation discutée précédemment, d’un investisseur qui décide de se désinvestir lorsqu’un marché s’écroule en attendant que le marché reprenne une tendance à la hausse et racheter les titres, chose qui, encore une fois, est très difficilement réalisable. Warren Buffet a déjà cité à ce sujet :  « Les marchés boursiers sont un mécanisme de transfert de fortune entre les patients et les impatients ».

Une Crise économique, un effondrement des marchés, une guerre au Moyen-Orient ou un tsunami peuvent être des drames vécu lors de notre parcours sur terre. Cependant, comparemment à ces catastrophes,  lorsqu'on analyse les effondrements de marchés temporaires, on perçoit que sur un horizon de 20-30 ans, ceux-ci ont un impact minimal qui n’est sans plus qu’une mince déviation de parcours d’une intéressante performance long terme.

 

Ne pas avoir de stratégie de placement

Même si l’on investit pour la retraite ou pour tout autre objectif financier, la plus grande erreur que les investisseurs font est le fait de ne pas avoir de stratégie de placement pour guider leurs décisions financières. Le défi d’investir n’est pas d’avoir un talent particulier ou des connaissances financières approfondis mais plutôt, d’éviter de prendre des décisions guidées par les émotions, de dévier de sa stratégie d’investissement long terme et de manquer de patience/discipline à poursuivre leur plan. Sans stratégie d’investissement basée sur les principes et les pratiques financières, l’investisseurs, plus souvent qu’autrement, va succomber à ses émotions ce qui ultimement, mènera à l'éloignement de ses réels besoins de liquidité long terme.

Les investisseurs doivent donc commencer par s’établir un but, un objectif précis, avec un horizon temporel raisonnable afin d'être capable de déterminer ce qu’ils ont besoin d’investir, le rendement nécessaire et le niveau de risque adéquat pour l’atteinte de leurs objectifs financiers. Par la suite, avec l’aide d’un conseiller financier certifié et indépendant, l’investisseur doit construire un portfolio d’investissement diversifié réparti sur plusieurs classes d’actifs qui reflète leurs objectifs spécifiques de croissance pour les 15-20 prochaines années. Le seul moment qu’il est justifié d’acheter ou de vendre des titres est dans l'éventualité où il y aurait changement dans les objectifs de placement (Ce qui devrait être rare si l’on a planifié correctement) ou pour rebalancer un portfolio qui aurait dévié de sa stratégie d’allocation d’actif initiale.