Votre revue financière de janvier 2023

Cathy Duval |

Invasion, inflation, récession? Retour sur 2022

À pareille date l’an dernier, le thème principal de notre revue des marchés et de nos perspectives annuelles était le changement de cap imminent des banques centrales, mais nous étions loin de nous douter que la Réserve Fédérale américaine (Fed) et la Banque du Canada prendraient des mesures aussi radicales en 2022 afin de tenir tête à une inflation persistante.

 

Les énormes dépenses gouvernementales de l’année précédente, l’invasion russe en Ukraine, la politique stricte zéro COVID en Chine, ainsi que la baisse de la production de pétrole par l’OPEP+ ont résulté en une inflation record.

 

Visiblement, les banques centrales furent prises de court par la persistance des pressions inflationnistes. Après avoir débuté en 2021 du côté des biens de consommation (chaînes d’approvisionnement), suivi des aliments et de l’énergie (exacerbée par la guerre en Ukraine amorcée au début de 2022), l’inflation a fini par migrer vers les services au courant de l’année; symptôme d’une économie qui a surchauffé. Résultat de ce trio inflationniste : un sommet en quatre décennies pour les Indices des Prix à la Consommation (IPC)1 américain et canadien.

 

Ainsi, ce n’est pas 0,75% de hausses qu’a livré la Fed cette année (tel qu’anticipé par les marchés au 31 décembre 2021), mais bien un imposant 4,25% (4,00% au Canada) … et ce n’est pas terminé.

 

On peut dire que 2022 s’est révélée éprouvante sur plusieurs fronts, car de plus nous anticipons désormais une récession dans les prochains mois.

 

Pour les investisseurs, cet environnement hostile a laissé peu d’endroits où se réfugier, la vaste majorité des segments de marchés affichent des pertes en 2022. Bien entendu, les actions n’en sont pas à leurs premiers reculs, qui ne sont d’ailleurs plus aussi imposants depuis le fort rebond des derniers mois de 2022. Or, la particularité cette fois est que les baisses boursières sont arrivées simultanément avec des pertes sans précédent pour les marchés obligataires. D’autre part, rappelons que l’environnement difficile de cette année fait suite à un rebond phénoménal en 2020-2021 qui, lui aussi, était pratiquement sans précédent.

 

Revue des marchés au 30 septembre 2022

 

Revenu fixe

 

  • L’univers à revenu fixe canadien (FTSE Univers obligataire canadien) a affiché des pertes en décembre, les taux obligataires de moyen et long terme étant repartis à la hausse face au ton combatif des banques centrales.

 

  • Dans son ensemble, 2022 représente en fait la pire année de l’histoire pour les obligations canadiennes (-11,7 %). Cette perte s’ajoute au recul observé en 2021 (-2,5 %), marquant la première fois que l’univers obligataire canadien enregistre deux reculs annuels consécutifs.

 

Marchés boursiers

 

  • Tout comme les obligations, les marchés boursiers ont fait face à plusieurs embuches en 2022.

 

  • Profitant d’une forte exposition aux matières premières, les actions canadiennes (S&P/TSX) ont surperformé ses homologues internationaux. Sur l’année complète, l'indice S&P/TSX a affiché un rendement total de -5,8%.

 

  • Au sud de la frontière, les actions américaines (S&P 5002) ont reculé de 18,1% au cours de la même période.

 

  • Finalement, le regain des actions internationales (MSCI EAEO2,3) au quatrième trimestre de 2022 a permis au MSCI EAEO d’afficher un recul de 14% pour l’année qui vient de se conclure.

 

Pétrole et or

 

  • Le prix du baril de pétrole a fortement reculé en novembre et a poursuivi sur cette lancée en décembre. Malgré l’invasion russe de l’Ukraine et le rebond spectaculaire qui s’ensuivit, le WTI4 ($US/baril) termine l’année avec un gain relativement modeste de 6,7%.

 

  • Le prix de l’or a grimpé de façon non négligeable au dernier trimestre. Cependant, cette remontée de dernière minute n’a pas suffi à complètement effacer son recul de 2022. Entre janvier et décembre de la dernière année, le prix de l’or a reculé de 0,6%.

 

Devises

 

  • Le dollar canadien a perdu du terrain face au dollar américain en 2022. La paire USD/CAD a reculé de 6,8% entre janvier et décembre malgré le rebond du huard face au billet vert au quatrième trimestre.

 

1. L'Indice des prix à la consommation (IPC) représente les variations de prix comme expérimenté par les consommateurs. Il mesure la variation de prix en comparant, au fil du temps, le coût d'un panier fixe de biens et services.
2. Les rendements du S&P500 et du MSCI EAEO sont exprimés en devise américaine.
3. L'indice MSCI EAEO est un indice boursier visant à mesurer le rendement des marchés boursiers des économies développées autre que celles des États-Unis et du Canada.
4. Le West Texas Intermediate (WTI) Crude oil est le standard nord-américain pour la fixation du prix du pétrole.

 

Perspectives d’investissements

 

Suite à cette année difficile, à quoi les investisseurs peuvent-ils s’attendre? Un simple retour vers la moyenne permettant des gains? Où y a-t-il d’autres éléments à prendre en considération?

 

Si l'histoire de 2022 fut celle de banques centrales en mode de rattrapage, 2023 devrait plutôt les voir d'abord ralentir le rythme des hausses de taux et ultimement prendre une pause pour évaluer les effets de leur politique monétaire restrictive. D’ailleurs, c’est essentiellement ce à quoi le président de la Fed, Jerome Powell, faisait allusion lors de sa conférence de presse de novembre dernier :

 

« Vous pouvez considérer que notre programme de resserrement répond en fait à trois questions, la première étant, et a toujours été, de savoir à quelle vitesse il faut aller. La deuxième est de savoir jusqu'à quel point il faut augmenter notre taux directeur. Et la troisième sera, finalement, de savoir combien de temps il faudra rester à un niveau restrictif. »

- Jerome Powell, 2 novembre 2022

 

Sur le plan économique, les experts prévoient un ralentissement marqué de l’inflation en 2023 ainsi qu’une période de stagnation (peu ou pas de croissance dans une économie) pour la croissance du PIB5 en Amérique du Nord. Ces perspectives s’accompagnent de risques élevés de récession, au-delà de celle manifestement inévitable en Europe.

 

Après un recul annuel historique pour les obligations, la prochaine année devrait ultimement leur être plus favorable. Pour le moment, nous privilégions toujours une durée6 obligataire plus courte considérant le risque que le maintien d’un discours combatif à la Fed mène les taux longs à revisiter leurs récents sommets, mais une opportunité d’augmenter la durée devrait se présenter en 2023.

 

Du côté des actions, nous privilégions toujours les actions canadiennes, qui ont d’ailleurs nettement surperformées en 2022. Les actions américaines gardent aussi leur place dans les portefeuilles pour leurs propriétés plus défensives. En effet, celles-ci sont moins sensibles à des hausses de taux d’intérêt puisque le marché immobilier aux États-Unis est moins enflammé qu’au Canada et le taux d’endettement des particuliers y est aussi plus faible. En contrepartie, les perspectives pour la région EAEO7 semblent encore faibles, la croissance économique étant susceptible de demeurer affectée par les perturbations énergétiques, ce qui nous pousse à conserver une sous-pondération en actions étrangères tout en gérant activement les devises afin de profiter des divergences entre les politiques des banques centrales.

 

5. Le produit intérieur brut (PIB) est une mesure générale de l'activité économique d'un pays fondée sur la valeur marchande totale de tous les biens et services que ce pays produit dans une période de temps donné.
6. La durée mesure la sensibilité de la valeur d'une obligation à la variation des taux d’intérêt en tenant compte de son échéance, de son rendement, de son coupon et de sa clause de remboursement anticipé.
7. Représente les économies développées excluant les États-Unis et le Canada (Europe, Australie et Extrême-Orient)

 

Au besoin, nous demeurons disponibles afin de planifier un appel à votre convenance pour discuter de nos perspectives et du positionnement de notre portefeuille de façon plus détaillée.

 

Le Groupe Duval vous souhaite une année remplie de bonheur et de santé!

 

Cordialement,

 

Cathy, Guillaume, Marc-Antoine et Inuk

cathy.duval@bnc.ca

514 871-3474

Mise en garde : J’ai rédigé le présent commentaire afin de vous donner mon avis sur différentes solutions et considérations en matière d’investissement susceptibles d’être pertinentes pour votre portefeuille de placements. Ce commentaire reflète uniquement mon opinion et peut ne pas refléter celles de Banque Nationale Groupe financier. En exprimant ces opinions, je m’efforce d’appliquer au mieux mon jugement et mon expérience professionnelle du point de vue d’une personne appelée à suivre un vaste éventail de placements. Par conséquent, le présent rapport représente mon opinion éclairée et non une analyse de recherche produite par le Service de recherche de la Financière Banque Nationale. La Financière Banque Nationale est une filiale en propriété exclusive indirecte de la Banque Nationale du Canada. La Banque Nationale du Canada est une société ouverte inscrite à la cote de la Bourse de Toronto (NA:TSX). Financière Banque Nationale est membre du Fonds canadien de protection des épargnants (FCPE).