Votre revue financière mai 2020

Cathy Duval |

Marchés boursiers

 

Les actions mondiales ont rebondi de manière impressionnante depuis le début du deuxième trimestre.  La reprise mondiale des actions reste motivée par l’expansion des ratios cours/bénéfices plutôt que par la croissance des bénéfices. La vitesse et l’ampleur du rebond de l’indice américain S&P 500, un mois à peine après le début de la récession, est sans précédent. Les actions canadiennes (indice S&P TSX) ont aussi été dynamisées par les injections mondiales de liquidités.

 

Alors, pourquoi les investisseurs sont-ils si pressés d’acheter des actions à de telles valorisations quand le taux de chômage est au plus haut depuis les années 1940 et que des capacités industrielles auront probablement été détruites définitivement si l’économie n’est pas remise en marche prochainement? D’une part, les gouvernements du monde continuent de réagir activement avec des mesures inédites pour atténuer le choc de la contraction économique imposée par les autorités sanitaires. De plus, les banques centrales continuent de se montrer aussi dynamiques que jamais dans l’expansion de leurs bilans et l’achat d’une vaste gamme d’obligations de sociétés.

 

Économie

 

Grâce à des mesures budgétaires et monétaires sans précédent, le ralentissement actuel ne sera probablement pas aussi profond que la grande dépression du début des années 1930. Mais le choc de 2020 dû au coronavirus aura des effets durables sur l’économie du monde. Le grippage des chaînes d’approvisionnement mondiales dû à la pandémie forcera les gouvernements à tout repenser et la politique industrielle sera sans doute ajustée si ce n’est complètement remanié pour encourager un rapatriement de productions critiques, notamment d’équipements sanitaires et de produits pharmaceutiques. Ajouté au protectionnisme ambiant, cela donnera des ailes au mouvement de la démondialisation et affectera de manière disproportionnée les marchés émergents.

 

Les mesures de distanciation sociale, nécessaires pour limiter les infections et les décès, limiteront aussi le rebond de la croissance attendu au deuxième semestre de 2020 et l’an prochain. Nous nous attendons à une contraction du produit intérieur brut « PIB » mondial de 4% cette année, à condition d’échapper à de nouveaux risques de chute. Et nous craignons là les effets secondaires, comme le resserrement des conditions financières et les défaillances en cascade, ainsi que la possibilité d’une deuxième vague d’infections qui forcerait les gouvernements au désespoir à envisager de réinstaurer le confinement.

 

C’était l’apocalypse pour le marché du travail américain en avril, où la totalité des emplois créés depuis 2011 a été supprimée en un clin d’œil par le coronavirus. Des millions de ces emplois réapparaîtront plus tard cette année avec le déconfinement progressif et le retour de la croissance économique, mais la récupération ne sera pas complète étant donné la probabilité d’une destruction définitive de certaines capacités industrielles.

 

À la lumière d’un confinement plus long que prévu, nous avons réduit notre prévision de croissance du PIB américain en 2020 devenue une contraction de 6%. La situation pourrait même s’aggraver si certains États étaient forcés de revoir leurs plans de remise en marche de l’économie ou si les tensions montantes des marchés financiers ne sont pas jugulées.

 

Alors que des provinces canadiennes ont annoncé des plans de remise en marche de l’économie et que l’activité reprend déjà dans certains secteurs, le déconfinement en mai s’opère plus lentement que nous le prévoyions.

 

Cela, plus le choc du secteur de l’énergie, nous force à revoir à la baisse notre estimation du PIB du deuxième trimestre et donc, pour 2020 dans son ensemble – notre prévision pour le Canada cette année est maintenant une contraction de 7.1%. Compte tenu des incertitudes accrues, particulièrement en ce qui concerne l’évolution du virus et la destruction de capacités industrielles, on ne peut pas exclure de nouvelles révisions à la baisse.

 

Notre stratégie de portefeuille

 

D’entrée de jeu, nous aimerions préciser que notre stratégie de gestion de portefeuille est fondée sur des caractéristiques fondamentales à long terme et ajustée en fonction des marchés d’aujourd’hui. Nous établissons pour nos clients un plan stratégique à long terme personnalisé qui évolue et s’adapte aux changements, et ce dernier fait l’objet d’une surveillance continue de notre part.

 

À travers les aléas imprévisibles des marchés boursiers cette année, qu’avons-nous fait dans nos portefeuilles ?

 

  • En début d’année, nous avons pris la décision de réduire les actions internationales pour ajouter aux actions nord-américaines ce qui a porté fruit. L’indice international EAFE ($US) a perdu 19,4% du 1er janvier au 21 mai dernier alors que l’indice canadien S&P/TSX a perdu 11,4% et l’indice américain S&P500 a chuté de 8,5% ($US). Notez que nous n’avons pas d’investissement dans les pays émergents ce qui a été une judicieuse décision. Ces marchés ont perdu tout près de 19% cette année et les perspectives sont particulièrement mauvaises pour ces pays.  

 

  • Nous avons continué notre virage vert en réduisant notre allocation dans le secteur du pétrole et nous avons effectué des changements sectoriels pour mieux nous positionner dans le contexte de la pandémie qui a brusquement changé les perspectives d’avenir pour plusieurs entreprises et secteurs.

 

  • Un rééquilibrage a été fait dans nos portefeuilles le 19 mars dernier alors que les marchés avaient fortement baissé par rapport à leurs sommets.  En effet, nous avons ajouté des actions aux portefeuilles de tous clients aux cours les plus bas de l’année jusqu’à présent! Ce processus de rééquilibrage consistait à réduire les obligations qui avaient beaucoup monté pour ajouter des actions à bas prix. Depuis ce temps, les marchés boursiers ont repris de la vigueur nous donnant raison.  

 

Nous reconnaissons la vulnérabilité des marchés boursiers après leurs forts gains des dernières semaines et l’incertitude inhérente de l’issue de la pandémie, mais nous croyons qu’il faut aussi prendre en considération les stratégies d’intervention illimitée de divers gouvernements et des banques centrales prêts à faire tout ce qu’il faudra pour limiter les dommages irréversibles pour l’économie.

 

Bien que nous entrevoyions encore de la volatilité au cours des prochains mois, nous sommes confortables avec notre allocation d’actif actuelle.  Nous avons encore à ce jour, une marge de manœuvre pour saisir des opportunités qui pourront se présenter cette année.

 

L’importance de prendre du recul face aux évènements actuels

 

Chaque correction boursière ou marché baissier prolongé semble différent lorsqu’il se produit, parce que les causes ne sont jamais les mêmes, la vitesse de réaction des marchés varie et la durée de la période de récupération est presque impossible à prévoir. À cet égard, la correction boursière actuelle provoquée par l’effet combiné de la pandémie de la COVID-19 et du choc pétrolier est similaire. La vitesse et l’ampleur de la chute des marchés sont toutefois sans précédent.

 

Historiquement, un tel repli des marchés s’est effectué sur une période beaucoup plus longue, mais le résultat est le même : une érosion de la valeur des actifs, une peur accrue et, surtout, un sentiment d’incertitude face à l’avenir. Les marchés détestent l’incertitude et ils réagissent rapidement en prenant une attitude de type « liquidons d’abord et posons des questions par la suite », mais ils rebondissent inévitablement.

Le mot d’ordre demeure la patience puisque nous sommes face à une situation imprévisible. Nous sommes confiantes que nos portefeuilles vont bien récupérer, une fois que cette crise pandémique sera chose du passé.

 

Durant cette période sans précédent, nous apprécions la confiance que vous témoignez envers le Groupe Duval et nous continuerons de vous communiquer nos pensées et nos perspectives sur cette situation en constante évolution.

 

Au plaisir de vous parler !

 

Cathy Duval et Sounda Ladouceur

cathy.duval@bnc.ca

514 871-3474

Sources : Mensuel économique et mensuel boursier mai 2020

Mise en garde : J’ai rédigé le présent commentaire afin de vous donner mon avis sur différentes solutions et considérations en matière d’investissement susceptibles d’être pertinentes pour votre portefeuille de placements. Ce commentaire reflète uniquement mon opinion et peut ne pas refléter celles de Banque Nationale Groupe financier. En exprimant ces opinions, je m’efforce d’appliquer au mieux mon jugement et mon expérience professionnelle du point de vue d’une personne appelée à suivre un vaste éventail de placements. Par conséquent, le présent rapport représente mon opinion éclairée et non une analyse de recherche produite par le Service de recherche de la Financière Banque Nationale. La Financière Banque Nationale est une filiale en propriété exclusive indirecte de la Banque Nationale du Canada. La Banque Nationale du Canada est une société ouverte inscrite à la cote de la Bourse de Toronto (NA:TSX). Financière Banque Nationale est membre du Fonds canadien de protection des épargnants (FCPE).