Un troisième trimestre riche en émotions

Cathy Duval |

Canada

Après une année 2015 difficile et un début d’année distingué par un prix du baril de pétrole en chute libre, la bourse canadienne a connu de meilleurs moments dans les trois derniers mois. Lorsqu’on regarde en termes économiques, le Canada vient de connaître son plus mauvais trimestre depuis la récession de 2009. Le PIB montre une diminution de la production causée par le recul du commerce international. Naturellement, les feux de forêts à Fort McMurray en sont particulièrement responsables. D’autre part, la valeur relativement faible du dollar n’a pas suffit à soutenir une forte demande des pays étrangers. Pour le futur, plusieurs scénarios sont à envisager, le plus optimiste étant une stabilisation de l’offre de pétrole entrainant une hausse du prix et une augmentation des bénéfices des entreprises canadiennes. Les conséquences seraient un secteur de l’emploi plus fort et des ménages ayant de meilleurs revenus. Leurs dépenses iraient dans la même direction par la suite.

Succédant la contraction du dernier trimestre, la production manufacturière américaine est en voie d’augmenter dans les prochains mois ce qui donnerait un bon coup de pouce aux exportations canadiennes. La faible valeur du huard a aussi contraint certaines personnes à passer leurs vacances ici plutôt que de quitter le pays ce qui a favorisé le tourisme.

Le programme enrichi de prestation pour enfants de l’État fédéral entré en vigueur en juillet devrait aussi donner un coup de pouce aux dépenses ce trimestre.

 

États-Unis

Les indicateurs économiques tendent à indiquer la fin du cycle économique actuel aux États-Unis. Le secteur de l’emploi se porte très bien, les ménages commencent à voir leurs revenus augmenter grâce à des salaires graduellement grandissants. Leur pouvoir discrétionnaire étant plus grand, les dépenses liées à la consommation prennent de la vigueur.

Les bénéfices des entreprises qui n’ont pas été très reluisants depuis le début de l’année (en grande partie en raison des déboires du secteur énergétique) mais la tendance semble se renverser. Le moral des investisseurs a été mis à l’épreuve tout au long de cette période fort volatile, et nous sommes maintenant forcés d’admettre que les cours boursiers suggèrent une confiance forte envers de meilleurs bénéfices futurs.

 

Chine

Source de plusieurs inquiétudes en 2015, la Chine continue de se stabiliser aidée par des politiques monétaires accommodantes. Le ralentissement de la croissance n’a pas été bien reçu par les investisseurs qui aimeraient revoir des taux de plus de 10% comme nous avions au début des années 2000. Malgré tout, le crédit a pris de l’ampleur suite aux commentaires de la Banque centrale et la situation s’emble s’être stabilisée depuis. Nous pouvons dire merci aux régulateurs qui ont intensifié les projets d’infrastructures afin que les secteurs industriel et immobilier puissent reprendre du poil de la bête. À long terme, les réformes structurelles devront être plus consistantes.

 

Japon

Depuis des années, une population vieillissante et une économie dépendante aux échanges commerciaux sont des caractéristiques de la faible croissance économique du Japon. Il faut donc comprendre que la performance de leurs partenaires commerciaux  est un facteur clé dans l’évaluation de leur situation. Beaucoup d’encre a aussi coulé sur le sujet de la tactique de «monnaie hélicoptère». Essentiellement, c’est une alternative au programme d’assouplissement quantitatif lorsque les taux d’intérêts frôlent le zéro absolu et que les autres sources de stimulation ne suffisent par à relancer une économie. Le terme employé n’est pas très loin de la réalité alors que de l’argent serait distribué directement aux individus ou aux entreprises privées de la même façon que si on lançait de l’argent au peuple du haut d’un hélicoptère. Cette façon diverge de la méthode traditionnelle de passer par des investissements indirects. C’est une mesure désespérée mais le gouvernement est à court de solutions alors que les taux d’intérêts sont négatifs, que la déflation des prix est toujours omniprésente et que la croissance n’est pas au rendez-vous.

 

Europe

À l’origine de nombreux maux de têtes, la situation en Europe ressemble à un champ de mines. Le peuple du Royaume-Uni a voté de quitter la zone Euro en juin et nous pensions voir une économie européenne piquer du nez. Ce n’est cependant pas tout à fait ce qui s’est passé et les marchés font actuellement fi des risques associés au Brexit. Les risques d’une récession augmentent et l’incertitude politique sera un facteur clé. C’est plutôt du côté de l’Allemagne que la confiance semble s’éroder alors que le gouvernement a fait savoir qu’il n’interviendrait pas pour aider la Deutsche Bank, en cas de besoin. Le message qui est lancé est qu’il ne faut pas compter sur l’appui du gouvernement pour sauver le système bancaire comme l’ont fait les États-Unis. Les problèmes de manque de capitalisation, entre autres pour les banques italiennes et allemandes, pourraient avoir un effet de contagion si jamais la situation se détériorait.  Espérons que l’économie locale prendra les devants et accélérera la croissance.

 

Conclusion

Comme vous le savez, le passé n’est pas garant du futur. Les hypothèses de calcul que l’on utilisait dans les dernières décennies s’en viennent donc désuètes. Les banques centrales utilisent des taux d’intérêts négatifs, les politiques monétaires n’impactent pas l’inflation comme elles le devraient et la population vieillissante n’a pas les mêmes habitudes de vie et de consommation. Tous ces éléments (qui ne sont que la pointe de l’iceberg) ont un impact sur la façon dont on doit évaluer le rendement espéré des titres. Certains secteurs en sont à des valorisations historiquement élevées (obligations, services publics) mais la tendance ne se renversera peut-être pas de sitôt.

Il faut garder en tête notre objectif long terme qui est d’avoir un portefeuille qui performe bien malgré tout le bruit ambiant et faire confiance à une répartition d’actif intelligente. Le momentum positif qui s’est installé sur le marché suggère que les actions nord-américaines ont encore leur place dans le portefeuille et c’est pourquoi nous conservons une bonne exposition à ces marchés. Bien qu’un resserrement de la politique américaine s’approche à grand pas, ce n’est pas la même histoire qui se passe au Canada. Nous conservons une approche conservatrice en gardant une durée relativement courte et en surpondérant les obligations corporatives. Nous nous attendons à ce que la banque centrale agisse bientôt aux États-Unis, les secteurs de début de cycle comme le secteur financier seraient bien positionnés pour en prendre avantage. D’autre part, comme les ratios boursiers ne sont pas très attrayants, nous surpondérons les titres défensifs.

 

N’hésitez pas à nous contacter si vous aimeriez obtenir plus d’information sur notre stratégie ou si vous aimeriez obtenir une révision de votre portefeuille de placement.

 

 

Mise en garde : J’ai rédigé le présent commentaire afin de vous donner mon avis sur différentes solutions et considérations en matière d’investissement susceptibles d’être pertinentes pour votre portefeuille de placements. Ce commentaire reflète uniquement mon opinion et peut ne pas refléter celles de Banque Nationale Groupe financier. En exprimant ces opinions, je m’efforce d’appliquer au mieux mon jugement et mon expérience professionnelle du point de vue d’une personne appelée à suivre un vaste éventail de placements. Par conséquent, le présent rapport représente mon opinion éclairée et non une analyse de recherche produite par le Service de recherche de la Financière Banque Nationale. La Financière Banque Nationale est une filiale en propriété exclusive indirecte de la Banque Nationale du Canada. La Banque Nationale du Canada est une société ouverte inscrite à la cote de la Bourse de Toronto (NA :TSX). Financière Banque Nationale est membre du Fonds canadien de protection des épargnants (FCPE).