Votre revue des marchés Avril 2018
Votre revue des marchés
Il devient de plus en plus évident que la croissance du PIB mondial a accéléré fortement l’an dernier. Les données les plus récentes du CPB[1] ont révélé que les volumes des échanges commerciaux non seulement atteignent un nouveau record, mais ont aussi augmenté 4.5% en 2017, le rythme le plus rapide depuis 2011.
BOURSES
Bourse canadienne
L’indice S&P/TSX continue de peiner. Qu’est-ce qui bride les actions canadiennes? La réponse est la compression du ratio Court/Bénéfice par l’incertitude qui entoure l’ALENA et les dettes des ménages. À notre avis, le pessimisme actuel est exagéré.
Bourse américaine
Parmi les sociétés du S&P 500, 76% affichaient un chiffre d’affaires et 78% un bénéfice qui dépassait les attentes des analystes au 4e trimestre. Mais de quoi demain sera-t-il fait? Pour que les bénéfices continuent de réserver des surprises positives, il faut que les conditions financières en général (pas seulement la politique monétaire) restent propices.
Bourse Internationale
Au début du mois de février, les actions mondiales ont subi la pire correction depuis août 2015, où la Chine avait surpris les marchés en dévaluant leur monnaie renminbi. Cette fois-ci, la pointe de volatilité et la chute des marchés boursiers ont été déclenchées non pas par la Chine mais par les obligations du Trésor américain de 10 ans.
ÉCONOMIE
Canada
À moins d’une mise en œuvre des politiques protectionnistes américaines, les exportateurs canadiens devraient profiter des retombées positives des mesures de stimulations budgétaires annoncées récemment aux États-Unis. La demande intérieure sera aussi soutenue par la poursuite de la reprise des investissements des entreprises, l’augmentation des revenus des consommateurs grâce à l’effet de richesse immobilière et au marché du travail vigoureux et l’accroissement des dépenses des gouvernements provinciaux en prévision des élections en Ontario et au Québec. La montée des tensions inflationnistes devrait amener la Banque du Canada à relever de nouveau les taux d’intérêt, bien que la vigueur de ses tours de vis dépende du résultat des négociations de l’ALENA.
Des personnes proches du processus affirment que la partie américaine exprimé la nécessité de conclure avant les élections présidentielles mexicaines en juillet, dénotant plus de souplesse et abandonnant l’exigence que toutes les voitures fabriquées dans la zone ALENA aient au moins 50 % de contenu américain. Le dollar canadien s’est renforcé par rapport à l’USD à l’annonce de cette nouvelle. La Banque du Canada craignait que l’incertitude entourant l’Accord de libre-échange nord-américain ne ralentisse l’économie. Les commentaires du gouverneur Stephen Poloz durant la semaine du 12 mars 2018 ont renforcé la conviction que la banque centrale prendra son temps pour relever les taux d’intérêt après les trois tours de vis donné depuis le mois de juillet dernier
Nous continuerons de surveiller la situation de très près, mais au moment de rédiger ces notes, notre scénario de base table encore sur une révision de l’ALENA plutôt que sur son abandon. Nous pensons aussi qu’une entente pourrait être conclue dès le printemps. Cela aiderait sans aucun doute l’indice S&P/TSX, qui se négocie actuellement à une décote considérable par rapport à l’indice S&P 500
États-Unis
La Fed prévoit au moins deux autres hausses de taux cette année, comme on s’y attendait. Les actions américaines n’ont pas beaucoup bougé suite à l’annonce même si la Réserve fédérale a augmenté les taux d’intérêt comme prévu et malgré un rebond des actions de Facebook. La banque centrale a manifesté une plus grande confiance dans l’effet stimulant des réductions d’impôt et de l’augmentation des dépenses de l’État américain sur l’économie et l’inflation et a indiqué que cela conduirait à des tours de vis futurs plus énergiques.
L’activité économique est déjà en effervescence. La croissance du PIB devrait ralentir au 1er trimestre. La consommation des consommateurs marque une pause après avoir puisé dans leur épargne le trimestre précédent. Nous nous attendons à une accélération au cours des trimestres suivants au vu des solides caractéristiques fondamentales. La croissance plus forte des salaires associée à un marché du travail étriqué, aux réductions d’impôt fédéral sur le revenu des particuliers, à une confiance débridée, aux faibles taux d’intérêt et à l’accès facile à du crédit est annonciatrice d’une augmentation des dépenses de consommation cette année. L’accroissement de la confiance des consommateurs explique en partie pourquoi la dette des ménages a augmenté au niveau record de US$13,100 milliards à la fin de l’an dernier. Et la bonne nouvelle c’est que l’augmentation de l’endettement ne se fait pas au prix d’un accroissement des risques pour la stabilité financière parce que la qualité des prêts est supérieure à ce qu’elle était il y a une dizaine d’années, comme en atteste la diminution de la part des prêts hypothécaires et des prêtes autos à risque élevé. L’investissement des entreprises, qui a rebondi fortement l’an dernier, semble aussi annoncer une autre bonne année, soutenue par les bénéfices des entreprises et de bonnes perspectives pour l’économie mondiale. Par conséquent, la demande intérieure devrait augmenter cette année.
Comme si les réductions d’impôt ne suffisaient pas, le Congrès américain a choisi d’injecter une dose de stimulants budgétaires de plus, cette fois-ci en augmentant les plafonds des dépenses. Cela a entraîné une révision à la hausse des prévisions de croissance du PIB américain à la fois pour cette année et pour l’année prochaine de moins d’un demi-point de pourcentage chaque année. Mais cette poussée est temporaire puisqu’elle se fera au détriment de la croissance future. Le déficit budgétaire, dont on prévoit maintenant qu’il dépassera les US$1,000 milliards (plus de 5% du PIB), devra être épongé plus tard par des réductions de dépenses et des hausses d’impôt. Si le Congrès ne prend pas conscience de cette réalité, les marchés se chargeront de la lui rappeler. La récente hausse des rendements des obligations du Trésor américain n’était qu’un coup de semonce.
La montée du danger protectionniste est un autre sujet de préoccupation pour l’économie américaine. On se souviendra que le déficit commercial américain s’est détérioré l’an dernier où le déficit de marchandises non pétrolières a atteint un niveau record absolu de US$734 milliards. Si cette dégradation du déficit commercial reflète à la fois la faiblesse de l’épargne américaine et le renforcement de la demande intérieure (qui a dopé les importations l’année dernière), certains des artisans de la politique de Washington utiliseront sans aucun doute les statistiques du commerce extérieur pour arguer que les États-Unis sont lésés par leurs partenaires commerciaux et militer pour la mise en place de barrières commerciales.
Internationale
L’économie mondiale continue de croître à un bon rythme, sous l’impulsion du commerce international qui stimule à la fois l’OCDE et les marchés émergents. Cette tendance devrait se maintenir en 2018, car les pays qui exportent aux États-Unis profiteront du coup de pouce supplémentaire de l’accroissement des mesures de stimulation budgétaire de ce pays.
Zone-Euro : La zone euro a réussi à croître de 2.5% en 2017, soit le meilleur chiffre en une décennie, plus même que les États-Unis. Alors que la croissance du commerce mondial a dopé les exportations de la zone, la demande intérieure a aussi été solide. La politique de détente monétaire de la banque centrale a aidé à stimuler le crédit et les dépenses. La consommation par exemple, a continué de s’améliorer comme le montrent les volumes du commerce de détail qui sont maintenant à un cheveu de leur sommet de 2007.
Japon : L’amélioration du commerce international a permis aux grandes puissances exportatrices de s’épanouir. La production industrielle au sein de l’OCDE a crû au rythme le plus rapide depuis des années grâce aux États-Unis, à la zone euro et au Japon. Les exportations du Japon ont même bondi à un niveau jamais atteint, stimulant d’autant la croissance économique. La croissance du Japon s’est établie à 1.6% en 2017, ce qui représente non seulement le double de l’estimation de la Banque du Japon de la croissance potentielle, mais aussi le plus haut niveau en quatre ans.
Chine : L’augmentation du commerce mondial était une aubaine pour la Chine l’an dernier. La deuxième économie du globe a enregistré une croissance supérieure aux prévisions, de 6.9%, en 2017 avec le rebond des exportations. Sa production industrielle, et ce n’est pas étonnant, a nettement augmenté (y compris la production d’électricité). On prévoit que la croissance fléchira légèrement cette année, mais la Chine continuera de faire l’envie du monde entier. Une croissance projetée de 6.5%, à la hauteur de l’objectif officiel de Pékin, est possible d’autant plus que le plan quinquennal ambitieux de l’Empire du Milieu est maintenant bien engagé.
L’augmentation du déficit commercial américain multiplie les probabilités de l’adoption de politiques protectionnistes qui risquent de saper la croissance mondiale. L’autre grand risque qui menace de faire dérailler la croissance mondiale est l’importance du recours à l’emprunt dans le système financier mondial au moment où les taux d’intérêt augmentent.
Pour résumer
Au Canada
Le PIB du Canada a augmenté au rythme annualisé de 1.7% au quatrième trimestre de l’an dernier, ce qui se traduit par une croissance globale de 3% en 2017, soit la meilleure performance en six ans. Si le commerce extérieur a comme prévu freiné la croissance au 4e trimestre dû au bond des importations, la demande intérieure l’a largement contrebalancé grâce à des augmentations de la consommation, aux dépenses des administrations publiques, à l’investissement des entreprises, et à la construction résidentielle.
États-Unis
Avec des conditions financières aussi favorables à la croissance qu’elles le sont actuellement, on peut s’attendre à ce que l’économie poursuive son expansion à un rythme relativement soutenu. Cette évolution, ajoutée au succès récent de l’administration Trump dans la mise en œuvre de son programme favorable à l’entreprise fait de réductions d’impôt et de déréglementations, a été reflétée dans les révisions des bénéfices.
Avec toutes ces bonnes nouvelles déjà prises en compte dans les cours, l’indice S&P 500 est plus vulnérable à des déceptions. Le penchant apparent des États-Unis pour le protectionnisme est un des principaux facteurs de risque pour les prévisions de bénéfice. Après tout, la part des ventes réalisées à l’étranger sont de plus de 40%.
Mondiale
Tout bien compté, nous continuons de nous attendre à ce que l’économie mondiale réitère sa croissance de l’an dernier, voire la dépasse. Il est peu probable qu’une politique monétaire un peu plus tendue dans certaines économies fasse dérailler l’amélioration en cours de la demande intérieure et les exportateurs devraient continuer de profiter du dynamisme du commerce mondial.
Notre répartition d’actif
Notre sommes confiants par rapport aux diverses actions en portefeuille et par rapport à notre répartition d'actif actuelle. La sur-pondération en revenu fixe au sein des portefeuilles joue bien son rôle durant les épisodes de volatilité que nous avons subit depuis le début de l'année. De plus, les portefeuilles sont bien positionnés pour faire face à rehaussement des taux d’intérêts.
Revenus fixes
Le marché obligataire semble avoir intégré la hausse de taux supplémentaire. Nous demeurons vigilants pour déceler des opportunités au cours des prochaines semaines. Un ajustement au niveau de la durée du portefeuille pourrait être apporté et nous envisageons également une diversification au niveau géographique si le moment opportun se présente. L'objectif est de positionner nos portefeuilles afin que ceux-ci résistent mieux aux prochaines hausses de taux d’intérêts.
Actions
Nous croyons toujours que nous approchons de la fin du cycle boursier. C’est pourquoi nous sommes à l’aise avec notre sous-pondération actuelle en actions. En effet, la volatilité des marchés depuis le début de l'année laisse présager une récurrence de fluctuations au cours des prochains mois. Ces épisodes de volatilités pourraient nous offrir de bons moments pour saisir des opportunités du côté des actions. Nous regarderons attentivement les répercussions des évènements aux États-Unis sur les marchés canadiens, américains et internationaux pour nous positionner.
J’espère que vous avez apprécié mon infolettre. N’hésitez pas à me contacter à cathy.duval@bnc.ca si vous désirez en discuter.
Mise en garde : J’ai rédigé le présent commentaire afin de vous donner mon avis sur différentes solutions et considérations en matière d’investissement susceptibles d’être pertinentes pour votre portefeuille de placements. Ce commentaire reflète uniquement mon opinion et peut ne pas refléter celles de Banque Nationale Groupe financier. En exprimant ces opinions, je m’efforce d’appliquer au mieux mon jugement et mon expérience professionnelle du point de vue d’une personne appelée à suivre un vaste éventail de placements. Par conséquent, le présent rapport représente mon opinion éclairée et non une analyse de recherche produite par le Service de recherche de la Financière Banque Nationale. La Financière Banque Nationale est une filiale en propriété exclusive indirecte de la Banque Nationale du Canada. La Banque Nationale du Canada est une société ouverte inscrite à la cote de la Bourse de Toronto (NA:TSX). Financière Banque Nationale est membre du Fonds canadien de protection des épargnants (FCPE).
[1] CPB Netherlands Bureau for Economic Policy Analysis : https://www.cpb.nl/en/data